5 conseils éducation de la part d’une enseignante expérimentée
Je vous propose de découvrir la traduction d’un article où Stephanie Byrne-Biancardi, plus de 10 ans d’expérience comme enseignante, partage ses conseils à propos de l’éducation des enfants (source).
Se passer des punitions
Le mot « discipline » vient du mot latin «disciplinare », qui signifie « enseigner ». Une discipline qui fonctionne ne s’appuie jamais sur des punitions. Une discipline positive se résume en une manière de guider le comportement d’un enfant.
La discipline est basée sur la qualité de la relation entre l’enfant et la personne qui s’occupe de lui (les parents à la maison, les enseignants à l’école). Quand un enfant reçoit des réponses cohérentes de la part d’un adulte attentionné, la confiance, l’attachement profond et un sentiment d’être accepté se développent mutuellement. Ces caractéristiques sont à la base d’un comportement acceptable et d’une discipline efficace.
En tant qu’enseignante, je comprends que le fait d’établir une routine quotidienne et une communication fréquente est vital pour consolider des relations respecteuses et pleines de sens, qui elles-mêmes affectent le comportement et les apprentissages des enfants.
Par exemple, quand un enfant arrive dans ma classe, je prends toujours le temps de le saluer à la porte d’entrée, de la même manière qu’il me salue. Je ne suis jamais trop occupée à prévoir des activités, vérifier les absences et les présences, à parler ou à chater sur mon téléphone lors des temps d’accueil. Ne pas accorder de l’attention à un enfant sous ma responsabilité revient à lui envoyer le message : « tu ne mérites pas que je te dédie un peu de mon temps ». C’est là que commence le cercle vicieux de la méfiance.
A la maison, le fait de me montrer respectueuse et attentionnée passe par le réglage d’une alarme 30 minutes avant que ma fille ait besoin de commencer à se préparer pour aller à l’école. Cela lui laisse le temps de se réveiller doucement.
Tout d’abord, j’allume la lumière et je prononce son nom puis j’annonce qu’il est temps de commencer à penser à se lever. Après 2 ou 3 minutes, je retourne dans sa chambre, j’enlève la couverture de son visage et lui dis ces quelques mots : « Il est temps de commencer à te lever. » En général, elle articule tant bien que mal : « Mais j’essaie ! » avec ses bras accrochés autour de ma taille et sa tête penchée sur mon estomac. Je lui donne un baiser et une caresse sur la tête puis je lui dis d’aller à la salle de bain.
Quelques minutes plus tard, je vais la retrouver à la salle de bain, à moitié endormie sur les toilettes, la tête dans les mains. Je l’appelle à nouveau pour lui dire : « Réveille-toi et lave toi les dents. » Elle se lève alors avant que j’ai eu le temps de redescendre préparer son déjeuner.
J’entends encore le son de la voix de ma fille « Personne n’a le temps de déjeuner ! ». Mais comment réagiriez-vous si votre partenaire se ruait dans votre chambre à 7h15, vous houspillait pour vous faire lever, tirait les couvertures, vous expulsait du lit et vous poussait dans la salle de bain ? Je sais qu’il y aurait forcément des frictions.
Ma fille n’est pourtant pas difficile. Ni gâtée et elle se couche tôt. Elle a juste besoin d’un peu de temps les matins avant qu’elle ne soit prête pour la journée.
Quand j’ajuste mes attentes en fonction de son attitude au lieu de la punir, les choses sont plus harmonieuses.
Privilégier le renforcement positif
Vous l’avez probablement déjà entendu : le renforcement positif est la clé. Ce renforcement positif peut prendre plusieurs formes : un sourire, un « tape en 5 » et des encouragements.
Mais un encouragement efficace est sélectif, spécifique et positif. Il évite la comparaison et la compétition. Il compare les progrès d’un enfant avec ses performances passées plutôt qu’avec celles d’un autre enfant. Il est délivré avec un ton de voix attentionné et naturel. Les enfants ont un sixième sens pour deviner quand les adultes ne sont pas sincères.
J’essaie d’éviter les phrases bateau comme « Bon travail ! » ou « Tu es gentil/le » à propos de l’action ou du comportement observé.
La technique la plus efficace est celle d’encourager sur le fait. La reconnaissance sera perçue comme plus authentique que si c’est l’enfant qui accourt vers le parent pour lui dire qu’il a rangé sa chambre ou partagé un gâteau avec sa sœur.
Quand un enfant lace les chaussures d’un enfant plus jeune dans ma classe, je m’attèle à assister à la scène. Je lui dis que ce qu’il a fait est attentionné et gentil. Ensuite, j’attire son attention sur le visage de l’enfant qu’il a aidé (et elle souriait). Quand j’ai demandé à cet enfant comment elle se sentait, elle a répondu : Bien ! ».
A la maison, cette attitude consiste à éviter les comparaisons entre enfants d’une même fratrie, les étiquettes et les jugements, ainsi que les phrases toutes faites comme « bon travail ».
Le renforcement positif ne consiste pas à donner des récompenses, même si celles-ci peuvent être utilisées avec parcimonie (comme des petits cadeaux, des surprises).
Proposer des exemples des comportements adaptés.
Les enfants nous prennent pour modèles. Etre attentif à ce que nous disons et à la manière dont nous le disons est important, non seulement quand nous nous adressons à nos enfants mais aussi quand nous interagissons avec d’autre adultes.
Proposer des modèles donne à l’enfant des indices visuels de ce en quoi consiste un comportement acceptable et influence ainsi sa propre manière d’agir.
Par exemple, imaginons qu’un chauffard vous colle et vous fasse des appels de phare en voiture pour bien vous faire comprendre que vous ne roulez pas assez vite. L’enfant sera sensible à la réponse apportée par l’adulte : proférer des injures, freiner exprès ou bien laisser le conducteur pressé doubler.
L’enfant saisira le décalage entre la première réaction et le fait que les adultes lui répètent sans arrêt de ne pas dire de gros mots. Mais il assiste pourtant à une scène dans laquelle le manque de self-contrôle démontre qu’on peut utiliser des injures quand on est en colère. La deuxième réaction tend à montrer un meilleur exemple à l’enfant : face à un problème, il vaut mieux rester calme et ne pas mettre qui que ce soit en danger malgré la colère ou la peur.
Une des habitudes que j’ai changées récemment est de m’asseoir sur les tables ou les meubles à hauteur d’enfant de ma classe. Je ne me rendais pas compte de l’impact de ces comportements jusqu’à ce qu’un de mes élèves s’assoit sur une étagère. Bien que le fait de grimper soit important pour le développement moteur des enfants, escalader des meubles n’est pas un comportement à enseigner aux enfants, d’autant plus qu’il est impossible de les surveiller continuellement. Pourtant, en le faisant moi-même, je leur avais montré que c’était faisable.
Fournir des explications directes, concises et positives
Quand vous passez des consignes aux enfants, veillez à être direct, à donner des raisons et des explications pour les règles imposées, à le faire de manière simple.
Privilégiez les consignes positives : dire ce qui doit être fait plutôt que ce qui ne doit pas être fait.
Par exemple, je me concentre sur le fait de dire à mes élèves « marchez sur vos 2 pieds » en leur expliquant qu’ils ont moins de chance de se blesser en marchant plutôt qu’en courant. « Marchez » est plus efficace que « ne courez pas ».
Je parle à mes enfants ados de la même manière : par exemple, je dis à mon fils « Il est tard et tu as ton entraînement demain matin. Ce serait une bonne idée d’aller au lit d’ici 15 minutes pour ne pas être trop fatigué demain. La semaine dernière, tu as été en retard parce que tu t’es réveillé trop tard. » Parfois, il s’exécute de lui-même, parfois j’ai besoin de lui faire un rappel 15 minutes plus tard. Mais il ne pose quasiment jamais de problèmes quand je recours à un exemple dans le passé.
Prévenir les comportements inacceptables avant qu’ils n’arrivent et se simplifier la vie avec du matériel adapté.
Pourquoi répéter à mon enfant 1 million de fois de ne pas monter dans les escaliers quand je peux installer une barrière de sécurité ? Ou porter mon enfant pour qu’il se lave les mains dans l’évier quand il peut le faire seul à l’aide d’un tabouret ?
L’adaptation de l’environnement encourage l’autonomie et participe à construire l’estime de soi.
Une part importante de la prévention est la planification. Ne pas aller faire les courses quand c’est l’heure habituelle de la sieste parait un B.A.-ba ! Interrompre un jeu ou toute autre activité enthousiasmante et s’attendre à de la coopération pour se préparer rapidement est utopique !
La proactivité est la clé : si vous ne voulez pas que votre enfant regarde une émission en particulier ou visite des sites Internet, vous pourriez mettre des codes parentaux.
Etre proactif permet d’éviter la plupart des disputes et des négociations au profit d’un temps calme dédié à l’enfant. Voici quelques conseils pour mettre en place des éléments de prévention :
- Evitez de parler à votre enfant à travers la maison ou le terrain de jeu. C’est facile pour lui de ne pas vous entendre, ou de prétendre ne pas vous entendre !
- Donnez autant d’informations que possibles aux enfants quand vous changez d’activité, quand vous quittez la maison ou quand le planning de la journée change. Dans ma classe, cinq minutes avant que d’avoir besoin que les enfants nettoient et/ou rangent pour passer à la prochaine activité, je leur dis « Dans 5 minutes, nous commencerons à nettoyer avant de faire de la musique. ». A la maison, avant que nous nous mettions en chemin pour aller chercher mes grands à l’école, je préviens les petits : « Dans 5 minutes, vous devrez ranger les crayons et nous partirons chercher vos frères et sœurs. »
- Le concept du temps est trop abstrait pour être compris par de jeunes enfants. Vous pouvez utiliser un sablier, un minuteur ou encore montrer les aiguilles de l’horloge pour leur signifier le temps qu’il reste avant une interruption ou un changement d’activité. Pour les plus jeunes, il est possible de substituer le temps par un autre format (deux tours de toboggan par exemple).
Parfois, vous aurez juste besoin de vous en aller et de laisser un autre adulte gérer la situation pour éviter qu’elle ne dégénère.
Je n’oublierai jamais ma première expérience avec un enfant souffrant de troubles de l’attention. Il n’était pas capable de s’allonger sur un matelas et de se reposer. Il passait donc le temps de la sieste sur une table faisant des puzzles et nous aidait à ranger les jouets et les jeux.
Cependant, le temps de la sieste était aussi au temps de planifications pour les enseignants. Cet enfant m’interrompait sans cesse pendant que je parlais avec des parents ou des collègues à cette occasion. Finalement, nous avons décidé avec les autres enseignants que je ferai mes tâches au début du temps de sieste pendant que les autres enseignants s’occuperaient de lui ensemble. Puis je passais les 20 à 30 minutes restantes avec lui à faire des puzzles ou jouer à des jeux.
En tant que parents, vous avez aussi intérêt à trouver des systèmes de soutien similaires, pour que vous puissiez vous éloigner d’une situation problématique et laisser un autre adulte responsable (parent, grand parent, nourrice…) prendre le relais.
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