L’attachement : avoir du lien avec ses élèves nous rend-il vulnérables ?

« Si tu es trop gentil.le, ou trop proche, ils vont te marcher dessus. »
« Il faut garder une distance avec les élèves. »

Ça te parle ?

Ces phrases, on les entend souvent. Elles circulent dans les écoles, dans la salle des maîtres, parfois même lors de formations. Elles viennent d’une représentation profondément ancrée dans l’imaginaire collectif : celle selon laquelle la distance garantirait l’autorité, et qu’une posture relationnelle chaleureuse risquerait d’affaiblir le cadre.

Cette idée n’est pas récente : elle s’inscrit dans une culture éducative longtemps centrée sur l’obéissance et le contrôle, où la relation était secondaire, presque suspecte. On a parfois associé sensibilité à fragilité, proximité à perte de pouvoir, empathie à manque d’autorité.

Pourtant, les pratiques enseignantes évoluent, et les recherches actuelles, autant en sciences de l’éducation qu’en neurosciences affectives, montrent que la relation éducative sécurisante est considérée comme un levier d’apprentissage, pas comme un risque.

Être attentif à l’enfant n’est pas être permissif.

Alors, avoir un lien avec ses élèves rend-il vraiment vulnérable ?
Ou au contraire, est-ce ce lien qui permet d’enseigner, de réguler, et d’apprendre ensemble ?

Précisément, la relation sécurisante enseignant–élève soutient :

• l’engagement scolaire
• l’autorégulation émotionnelle
• la motivation
• la persévérance
• les résultats scolaires

(B. Perry, C. Cozolino, R. Pianta, Center on the Developing Child Harvard)

La peur de “s’attacher” : d’où vient-elle ?

Pendant longtemps, l’école a été pensée comme un lieu où l’enfant devait avant tout se conformer, obéir et performer. Dans ce modèle, l’autorité reposait principalement sur la verticalité et sur la distance instaurée entre l’adulte et l’élève.

Ce contexte culturel explique pourquoi beaucoup d’enseignants ont intégré, parfois sans s’en rendre compte, l’idée qu’être proche revenait à perdre du contrôle, et que montrer de la sensibilité pouvait être interprété comme une forme de fragilité professionnelle.

Or, les recherches actuelles montrent que c’est précisément la qualité de la relation éducative qui facilite la régulation du comportement et l’engagement scolaire.

Autrement dit : un lien sécurisant ne rend pas l’adulte vulnérable. Il lui donne de la légitimité et il crée une influence éducative naturelle. 

Être en lien n’est pas renoncer au cadre. 

Un cadre posé par une personne perçue comme juste, attentive et prédictible est mieux accepté, mieux compris, et mieux respecté. Les élèves obéissent parce qu’ils reconnaissent la valeur de la relation, pas simplement parce qu’on leur demande d’obéir.

Ils coopèrent parce qu’on compte pour eux, pas parce qu’on leur fait peur.

Existe-t-il une “bonne” posture relationnelle ?

Ce que les travaux en sciences de l’éducation appellent attachement éducatif n’a rien à voir avec la fusion, de l’amitié ou de la proximité affective excessive. Il s’agit d’un positionnement professionnel qui combine :

• une présence chaleureuse
• une structure claire
• des limites stables
• des rituels sécurisants
• un langage ajusté
• la responsabilisation progressive

Il n’y a pas une seule posture idéale, celle-ci peut même varier en fonction des besoins des élèves. L’idée est de proposer un cadre qui régule, rassure, soutient et donne du sens.

La sécurité relationnelle (le lien) et la sécurité du cadre (la structure) ne sont pas deux choses opposées :
ce sont les deux piliers d’un climat d’apprentissage sécurisant.

Des outils ?

Oui, bien sûr !

Nous savons que la théorie ne suffit pas et qu’en classe, on a besoin de concret, de phrases à utiliser, d’exemples de posture, de rituels, et d’outils applicables rapidement.

Nous sommes justement en train de les préparer pour toi.

Promis, ils arrivent très vite !

On partage ?

Et toi, comment navigues-tu sur cette frontière ?

Entre être présent et rester professionnel ?
Entre accompagner et cadrer ?
Entre proximité et autorité ?