Au-delà des « Jeux d’Enfants » : prévenir et répondre aux violences entre jeunes
« Ce sont des jeux d’enfants. » « Ils règlent leurs problèmes entre eux. » Ces phrases, souvent prononcées par des adultes pour minimiser les conflits entre jeunes, masquent une réalité plus complexe et plus dommageable : la violence entre enfants. Un guide pratique de SOS Villages d’Enfants International, intitulé « Adopter des comportements protecteurs », propose une approche approfondie pour enfin prendre ce phénomène au sérieux. Ce document insiste sur un point crucial : pour protéger les enfants, il faut d’abord les écouter.
Le guide souligne que les enfants en structures d’accueil ou issus de familles vulnérables sont particulièrement à risque. Mais le message central, porté par les jeunes experts ayant contribué au projet, est universel : la violence entre pairs est souvent ignorée, et les adultes peinent à y répondre adéquatement.
L’apport le plus puissant du guide provient des enfants et des jeunes eux-mêmes. Ils décrivent un climat où la violence est souvent tue. Les enfants ne parlent pas, de peur que la situation n’empire ou qu’on ne les croie pas. Ils craignent le rejet et le stigmate d’être un « rapporteur ».
Leurs observations sont lucides : la violence démarre souvent là où un enfant est perçu comme « différent », que ce soit à cause de son apparence, de son origine, de son orientation sexuelle ou de son statut économique. Elle se produit partout : à l’école, dans les clubs de sport, dans les transports, et de plus en plus, en ligne, loin du regard des adultes.
Leur demande aux adultes est claire : « Ne jamais considérer les violences entre enfants comme des jeux stupides ». Ils demandent aux adultes de prendre leurs paroles au sérieux, de briser les tabous en parlant ouvertement de la violence et de garantir la confidentialité.
Comprendre le « Pourquoi » : L’iceberg de la colère
Le guide ne se contente pas de définir la violence (qui inclut le harcèlement, l’intimidation, mais aussi les violences sexuelles, émotionnelles et le cyberharcèlement). Il pousse les adultes à comprendre pourquoi elle survient.
Les comportements agressifs sont souvent, comme le montre le guide avec le modèle de « l’Iceberg de la Colère », la partie visible de ressentis plus profonds cachés sous la surface : peur, honte, rejet, frustration ou traumatisme. Un enfant initiateur de violence n’est pas simplement « méchant » ; il peut lui-même être en détresse, reproduisant des schémas vécus ou réagissant à un sentiment d’impuissance. Le guide identifie les normes sociales discriminatoires et les stéréotypes de genre comme des facteurs aggravants.
La Réponse adulte : pratiques relationnelles et restauratives
Face à un incident, la réponse traditionnelle est souvent la punition. Le guide propose une alternative radicale : les « pratiques fondées sur les relations ». L’objectif n’est pas de punir, mais de soutenir tous les enfants concernés.
Cela exige des adultes qu’ils deviennent des « adultes responsables » dignes de confiance, capables d' »écoute active ». Il s’agit de comprendre que le comportement de l’enfant est une communication. Un enfant agressif peut être dans une réaction de « Combat », tandis qu’une victime peut être en mode « Fuite » ou « Figement ».
Plutôt que de simplement sanctionner, le guide encourage les « pratiques restauratives ». L’accent est mis sur la réparation plutôt que sur la rétribution. Cela peut prendre la forme de « conversations restauratives » : des dialogues médiatisés où les enfants concernés peuvent exprimer ce qui s’est passé, son impact, et ce qui est nécessaire pour « réparer l’injustice ».
Bâtir la prévention : compétences de vie et espaces sûrs
La prévention est le pilier central du guide. Elle passe par une « éducation aux relations respectueuses ». Les enfants et les jeunes doivent acquérir des compétences de vie essentielles. Le guide met en avant :
- La résilience : Aider les enfants à gérer leurs émotions et à nouer des relations positives.
- L’assertivité : Le guide décrit l' »assertivité » comme le juste milieu équilibré entre un comportement « passif » (qui rend vulnérable) et « agressif » (qui initie la violence). L’enfant assertif sait exprimer ses besoins et dire « non » sans culpabilité ni agressivité.
- Les limites et le consentement : Aider les jeunes à comprendre et à respecter l’espace personnel et les limites, et à saisir la notion fondamentale du consentement.
Pour que cela fonctionne, les organisations (écoles, foyers, clubs) doivent créer des « espaces sûrs » où les enfants osent parler, et adopter des politiques de prévention claires et appliquées par tous les adultes.
En conclusion, ce guide pratique est un appel à l’action. Il demande aux adultes un changement de perspective : cesser de voir les violences entre enfants comme une fatalité, et commencer à les aborder comme un échec collectif de protection. La solution réside dans l’écoute, la compréhension des causes profondes et l’éducation active au respect.

Télécharger le guide complet ici
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