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Cet élève en pause

On connait tous cet élève qui petit à petit arrête de lever la main, traine à se mettre au travail, regarde sa feuille sans commencer, abandonne avant même d’avoir essayé.

Il murmure parfois :

« Je suis nul.e »
« De toute façon, je n’y arriverai pas. »

Face à ces attitudes, nous sommes souvent démunis.
Et souvent, ces comportements sont interprétés comme un manque de motivation, de volonté, voire d’effort.

Les recherches en psychologie et en neurosciences racontent une autre histoire: 

Quand un enfant n’essaie plus, ce n’est pas toujours parce qu’il ne veut pas. C’est parfois parce qu’il a appris, au fil de ses expériences, que ses efforts ne changent rien.

C’est ce que l’on appelle l’impuissance apprise.

Qu’est-ce que l’impuissance apprise ?

Le concept d’impuissance apprise a été mis en évidence par le psychologue Martin Seligman.
Il désigne un état dans lequel une personne cesse progressivement d’agir, non pas par manque de volonté, mais parce qu’elle a appris, à travers ses expériences, que ses efforts n’ont pas d’impact sur le résultat.

Autrement dit, le cerveau enregistre ce message implicite :

« Quoi que je fasse, ça ne change rien. »

Ce qui est essentiel à comprendre, c’est que ce processus ne relève pas d’un choix conscient.
L’enfant ne décide pas volontairement d’abandonner.
Il s’adapte émotionnellement à ce qu’il perçoit comme une situation sans issue.

Chez l’élève, l’impuissance apprise se construit petit à petit :

  • une consigne incomprise,
  • un exercice trop difficile,
  • un échec,
  • puis un autre,
  • puis un regard, une remarque, une comparaison.

À force, le cerveau associe l’effort à l’échec.
Essayer devient coûteux émotionnellement… et inutile.

Ce qui se joue à l’intérieur

Sur le plan émotionnel et neurocognitif, l’enfant passe d’un mode « j’essaie » à un mode « je me protège ».

Ne plus lever la main, ne plus commencer, dire « je ne sais pas » avant même d’avoir regardé :
ce sont des stratégies de protection contre la frustration, la honte ou la peur d’échouer à nouveau.

L’élève n’est donc pas en train de refuser d’apprendre.
Il est en train de se préserver.

Un apprentissage… qui peut se désapprendre

Parce que l’impuissance apprise est un apprentissage émotionnel, elle n’est ni figée ni définitive.
Le cerveau peut réapprendre autre chose, à condition de vivre des expériences répétées où :

  • l’effort mène à une réussite, même partielle,
  • l’erreur n’est plus une menace,
  • l’enfant retrouve un sentiment de contrôle sur ce qu’il fait.

C’est là que le rôle de l’enseignant devient essentiel :
non pas pour pousser davantage, mais pour redonner du pouvoir d’agir.

Redonner du pouvoir : comment ? 

1. Rendre la réussite possible (vraiment)

  • Fractionner les tâches
  • Ajuster le niveau
  • Créer au moins une réussite par séance

La réussite est un signal neuronal : « Mon action a un effet. »

 2. Offrir des choix (même minimes) :

  • choisir l’ordre des exercices
  • choisir le support
  • choisir le mode de réponse

Le choix restaure le sentiment de contrôle, clé de la motivation.

 3. Adapter le feedback

Remplacer l’évaluation globale par un feedback descriptif :

  • « Je vois que tu as commencé, même si ce n’était pas facile. »
  • « Tu as pris le temps de réfléchir avant de répondre. »
  • « Tu es resté concentré plus longtemps qu’au début. »
  • « Tu as essayé une autre façon de faire. »
  • « Tu n’as pas abandonné quand c’était difficile. »

On déplace l’attention de la personne vers le processus.

Outil proposé 

Nous vous proposons un rituel pour l’élève à utiliser comme support, en classe comme à la maison, dans le but de transformer l’expérience scolaire de l’élève concerné.e. 

Passer de subir à agir, de renoncer à essayer, de se protéger à s’engager. 

On partage ?

Et toi, quelles sont tes stratégies pour aider les élèves en difficulté ?


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Laurie

Enseignante & créatrice de SereNest

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