Écrans et attention chez les enfants : que dit réellement la science ?

Les écrans font aujourd’hui partie du quotidien des enfants. Tablettes, téléphones, jeux vidéo, plateformes éducatives… leur présence soulève de nombreuses questions, notamment autour de l’attention, de la concentration et du comportement en classe.

Sans dramatiser ni culpabiliser, la recherche scientifique permet aujourd’hui d’éclairer ce débat avec davantage de nuance.

Ce que montrent les études scientifiques

Plusieurs travaux récents mettent en évidence une association entre un usage élevé des écrans et des difficultés d’attention ou de concentration chez les enfants.

Il est important de le préciser: ces études parlent d’associations statistiques, et non d’une causalité directe et automatique.
Autrement dit, les écrans ne “créent pas” à eux seuls des troubles de l’attention, mais ils peuvent en être un facteur de risque, selon le contexte.

Écrans et fonctions cognitives : ce que disent les revues scientifiques…

Une revue publiée dans Frontiers in Psychology (2020) montre que l’exposition importante aux écrans chez les jeunes enfants est associée à des effets sur plusieurs fonctions cognitives, notamment :

• l’attention,
• la mémoire de travail,
• le contrôle inhibiteur,
• le développement du langage.

Les auteurs soulignent que ces effets varient selon :

• l’âge de l’enfant,
• la durée d’exposition,
• le type de contenus,
• la présence ou non d’un adulte lors de l’exposition.

L’étude conclut à des associations régulières entre usage élevé des écrans et difficultés attentionnelles, sans affirmer une causalité directe.

…et les études de grande ampleur

• Étude de Madigan et al. – JAMA Pediatrics

Cette étude menée auprès de milliers d’enfants (2 à 5 ans) montre que plus le temps d’écran est élevé, plus les scores liés à l’attention, au langage et à la mémoire tendent à être faibles.

Elle est souvent citée comme l’un des travaux les plus solides sur le sujet.

• Étude publiée dans Le National Library of Medecine

Une autre étude publiée dans Nature met en évidence une association entre temps d’écran élevé et troubles comportementaux ou difficultés scolaires, notamment chez les enfants et adolescents.

La surcharge attentionnelle, qu’est-ce que c’est ?

La surcharge attentionnelle désigne une situation dans laquelle le cerveau reçoit plus de stimulations qu’il ne peut en traiter efficacement.
L’attention est alors sollicitée en permanence, sans temps suffisant pour se poser, trier, approfondir ou se reposer.

Elle apparaît lorsque les sollicitations (visuelles, sonores, informationnelles, émotionnelles) sont trop nombreuses, trop rapides ou trop fréquentes, notamment sur une période prolongée.

Plusieurs travaux en neurosciences suggèrent que les écrans offrent une stimulation rapide et changeante, qu’ils sollicitent fortement l’attention automatique et qu’ils peuvent favoriser une préférence pour des stimulations courtes et intenses.

À long terme, cela peut rendre plus difficile l’attention soutenue, la concentration sur des tâches longues et l’engagement dans des activités moins stimulantes (lecture, écoute, travail scolaire).

Ce que la science permet d’affirmer aujourd’hui

Il existe une association solide entre usage excessif des écrans et difficultés attentionnelles chez les enfants. Cette association est observée dans plusieurs études longitudinales et revues scientifiques. Le contexte d’usage des écrans est déterminant : âge, durée, contenu, accompagnement, sommeil, interactions sociales.

Ce que cela signifie concrètement pour les familles et l’école

Il ne s’agit pas de dire que « les écrans sont mauvais ». Mais de reconnaître qu’ils peuvent devenir un facteur de risque lorsqu’ils remplacent le jeu libre, qu’ils réduisent les échanges verbaux, qu’ils empiètent sur le sommeil ou qu’ils sont utilisés sans accompagnement.

En pratique, les recherches nous invitent à :

• privilégier les interactions humaines,
• encourager le jeu et le mouvement,
• accompagner les usages numériques,
• poser un cadre clair et sécurisant,
• penser les écrans dans une vision globale du développement.