APPRENTISSAGEBIEN-ÊTREBIENVEILLANCERESSOURCES

L’empathie dans les programmes scolaires : un levier fort pour prévenir le harcèlement

Dans de nombreux pays, la prévention du harcèlement scolaire évolue. On ne se limite plus à sanctionner les comportements problématiques une fois qu’ils apparaissent : on cherche désormais à agir en amont, en développant les compétences sociales et émotionnelles des élèves. 

Le Canada fait partie des pays qui ont placé cette approche au cœur de leurs politiques éducatives, en faisant de l’empathie un levier central de prévention du harcèlement.

L’empathie, une compétence éducative à part entière

Au Canada, l’empathie n’est pas considérée comme une qualité morale abstraite, mais comme une compétence qui s’enseigne et se développe tout au long de la scolarité. Dans plusieurs provinces, elle est intégrée aux programmes liés au bien-être, à la citoyenneté, à la santé mentale et au climat scolaire.

Développer l’empathie signifie apprendre à reconnaître ce que ressent l’autre, à comprendre l’impact de ses propres gestes et à ajuster ses comportements en conséquence. Cette capacité est étroitement liée à la prévention des violences scolaires, car elle favorise la régulation émotionnelle, la coopération et le respect mutuel.

Les approches éducatives canadiennes reposent ainsi sur l’idée que le harcèlement ne peut être réduit durablement sans un travail explicite sur la compréhension du vécu d’autrui.

Prévenir plutôt que punir : un changement de posture éducative

Dans les dispositifs canadiens de prévention du harcèlement, la sanction n’est pas le point de départ. Elle peut exister, mais elle n’est jamais suffisante à elle seule. L’accent est mis sur une démarche éducative qui vise à comprendre les causes du comportement et à accompagner l’élève vers des alternatives plus ajustées.

Cette approche repose sur trois piliers étroitement liés : la compréhension du point de vue de l’autre, la responsabilisation et la réparation. L’élève est invité à réfléchir à ce que l’autre a pu ressentir, à reconnaître l’impact de ses actes et à participer activement à la restauration du lien lorsqu’un tort a été causé.

On ne cherche donc pas uniquement à faire cesser un comportement, mais à favoriser une prise de conscience durable, qui permette à l’enfant de développer des compétences relationnelles transférables à d’autres situations.

La prise de perspective : un outil central contre le harcèlement

La capacité à se mettre à la place de l’autre, aussi appelée prise de perspective, occupe une place centrale dans les programmes canadiens. Elle est travaillée à travers des discussions guidées, des jeux de rôle, des situations fictives ou réelles, et des temps de réflexion collective.

Apprendre à se demander « Que ressent l’autre ? », « Comment vit-il cette situation ? » permet de freiner les réactions impulsives et de développer une compréhension plus fine des relations sociales. Cette compétence est aujourd’hui reconnue comme un facteur clé de prévention du harcèlement, car elle réduit la banalisation de la souffrance d’autrui.

Responsabiliser sans culpabiliser

L’un des apports majeurs de l’approche canadienne est de distinguer clairement responsabilité et culpabilité. L’objectif n’est pas de stigmatiser un élève, mais de lui permettre de comprendre les conséquences de ses actes et de s’engager dans une démarche de réparation.

Cette posture éducative soutient l’idée que chaque élève peut évoluer, apprendre et réparer. Elle favorise un climat scolaire plus sécurisant, dans lequel les erreurs deviennent des occasions d’apprentissage plutôt que des fautes définitives.

Une prévention durable, ancrée dans le quotidien scolaire

Les programmes canadiens montrent que la prévention du harcèlement est plus efficace lorsqu’elle est intégrée au quotidien : dans les règles de vie, les temps de parole, les activités pédagogiques et les relations adultes-enfants. L’empathie n’est pas un thème ponctuel, mais un fil conducteur du vivre-ensemble.

En développant des compétences comme l’écoute, la compréhension émotionnelle, la coopération et la réparation, l’école agit à la fois sur le climat scolaire et sur le développement global des élèves.

Ce que l’exemple canadien nous enseigne

L’approche canadienne rappelle une idée essentielle : on ne prévient pas le harcèlement uniquement par des sanctions, mais en apprenant aux enfants à comprendre l’autre.

Former à l’empathie, c’est donner aux élèves des outils pour mieux réguler leurs émotions, ajuster leurs comportements et construire des relations plus respectueuses. C’est aussi offrir un cadre éducatif plus humain, plus sécurisant et plus durable.

Travailler l’empathie à l’école, c’est investir dans la prévention, le climat scolaire et le bien-être à long terme. Les outils pédagogiques basés sur la compréhension du vécu, la responsabilisation et la réparation constituent aujourd’hui des leviers puissants pour accompagner les élèves vers un vivre-ensemble apaisé.


En savoir plus sur Ecole Positive

Subscribe to get the latest posts sent to your email.

Laurie

Enseignante & créatrice de SereNest

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur la façon dont les données de vos commentaires sont traitées.